Myles Sanko, chantre d’un jazz ghanéen protéiforme
Écrit par sur 15 mars 2025
Né à Accra au Ghana en 1980, le chanteur Myles Sanko a une obsession : faire paraître 15 albums avant son 60è anniversaire. Let It Unfold est son cinquième disque. Parviendra-t-il à atteindre son but ? Sa ténacité et son talent en décideront certainement, car ce maestro de l’art vocal est un artiste intrépide qui s’épanouit dans plusieurs univers musicaux. Sa tonalité pop-soul a progressivement mûri et flirte avec le jazz de tradition américaine cadencé par les effluves rythmiques du « highlife » ancestral.
Myles Sanko est le fruit d’une union franco-ghanéenne. Bringuebalé, depuis sa plus tendre enfance, entre plusieurs cultures, il a appris à s’adapter aux accents, aux environnements, aux modes de vie, aux rites et codes de sociétés et de populations rencontrées en chemin. Il n’est donc pas étonnant que son éclectisme jaillisse sans effort dans chacune de ses productions. Auditeur assidu de James Brown, il n’a pourtant pas singé son héros. Il s’en est inspiré pour développer sa propre identité artistique. L’ancienne partenaire du « Parrain de la Soul », Martha High, reconnut d’ailleurs la valeur de ce brillant interprète.
Myles Sanko a donc en lui cette énergie positive qui le pousse à susciter les échanges sans altérer la source africaine de sa créativité. Ses oreilles, constamment à l’affût de nouveautés, ont capté avec la même acuité les échos sonores de sa terre natale, les enregistrements de ses prestigieux aînés, Ebo Taylor, Pat Thomas, E.T Mensah, mais aussi les classiques afro-américains, les disques d’Al Green ou d’Otis Redding. Ce ruissellement musical multicolore surgit parfois dans ses intonations et il n’est pas rare de déceler, ici ou là, une allusion à l’un de ses héros. Il suffit d’écouter « I Feel The Same » pour noter le clin d’œil à « Inner City Blues » immortalisé par Marvin Gaye en 1971. L’univers discographique de Myles Sanko est pétri de références qu’il faut savoir dénicher. Le chanteur Gregory Porter en fut convaincu puisqu’il le convia à assurer un temps ses premières parties.
Positif, enjoué, dynamique, Myles Sanko n’est cependant pas un ingénu. Sa destinée afro-européenne lui a appris à se défendre contre les injustices et les discriminations. Les mots sont sa meilleure protection contre le racisme ordinaire. Sa peau métisse lui a valu jadis les railleries de ses petits camarades de classe tant au Ghana qu’en Angleterre. Trop blanc, trop noir, il dut apprendre à composer avec son statut mulâtre. Son premier album, Born in Black and White, évoquait avec sensibilité l’impérieuse nécessité de s’approprier cette double richesse culturelle. Aujourd’hui, Myles Sanko la revendique et transmet une part de sa vérité. Il n’est plus question de se plaindre ou de s’apitoyer. Il faut être vaillant et déterminé.
« Stronger » est peut-être la chanson la plus significative de son nouvel album Let It Unfold. Sa poésie de rappeur inspiré rappelle que les épreuves vous rendent plus fort et façonnent votre avenir. Elles accompagnent votre développement personnel et équilibrent vos décisions au quotidien. Certainement affecté par les tourments de sa jeunesse, Myles Sanko veut à présent vivre pleinement sa maturité spirituelle et nous y encourage également. Il nous convie le 21 mars 2025 au New Morning à Paris pour partager des moments d’exaltation sincères et authentiques.