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Sullivan Fortner honore La Nouvelle-Orléans

Écrit par sur 1 mars 2025

On dit souvent que New Orleans est la capitale du jazz. Il est indéniable que son histoire multiculturelle a permis à de très nombreux artistes de défendre une vision universaliste de la musique. Louis Armstrong en fut certainement le meilleur exemple mais cette tradition doit résister à l’érosion du temps. Le pianiste Sullivan Fortner, récemment primé aux Grammy Awards, fait paraître l’album Southern Nights qui honore le patrimoine musical de sa terre natale, la Louisiane.

L’histoire de La Nouvelle-Orléans est singulière car elle épouse celle des esclaves africains parvenus, contre leur gré, sur le continent nord-américain. Lentement, une créolité s’est imposée. Le développement d’une culture métisse a irrigué le reste des États-Unis et, finalement, le monde entier. Sullivan Fortner a parfaitement conscience de la lourde responsabilité qui lui incombe. Comme ses contemporains et ses aînés, il porte une part de l’identité mulâtre de la population néo-orléanaise. Son rôle d’artiste ne doit cependant pas se résumer à une relecture révérencieuse d’un patrimoine ancestral. À bientôt 40 ans, il a déjà prouvé que son audace et sa quête de nouvelles tonalités peuvent épouser l’air du temps sans se soustraire à l’héritage multicolore de ses aïeux.

Son nouvel album, Southern Nights, rend hommage aux grandes figures de « L’épopée des Musiques Noires » sans les plagier, ni les trahir. Sullivan Fortner a su réinventer les mélodies de ses mentors avec goût et sensibilité. Soutenu par Peter Washington (contrebasse) et Marcus Gilmore (batterie), il s’amuse à revitaliser les œuvres d’Allen Toussaint, de Clifford Brown, de Woody Shaw ou de Bill Lee. Ces choix ne sont pas anodins. Ils traduisent une volonté manifeste de perpétuer une tradition jazz mais aussi, en filigrane, de porter un message. S’il n’avait pas pris conscience initialement de l’acuité sociale de certaines compositions, il réalise aujourd’hui que l’accélération des événements géopolitiques percute son engagement citoyen. Qu’il est savoureux d’entendre un musicien américain interpréter un standard mexicain, « Tres Palabras », écrit par un auteur cubain, Osvaldo Farrés. Cela démontre que l’ouverture d’esprit est une vertu et peut, le cas échéant, susciter un peu de tempérance dans le tourbillon des diatribes racistes exacerbées.

Il faut dire que Sullivan Fortner est un créateur inspiré qui, de longue date, prend plaisir à confronter son imagination débordante aux cultures du monde. Avec son regretté camarade trompettiste Roy Hargrove, il apprivoisait les mélopées afro-cubaines. En solo, il aime se défier lui-même en triturant de grands classiques, la « valse minute » de Frédéric Chopin, « Don’t you worry bout a thing » de Stevie Wonder ou « Congolese Children » de Randy Weston. Cette témérité lui vaut les louanges de ses homologues, les applaudissements du public et les honneurs des grandes institutions musicales mondiales. Il est très probable que Southern Nights recevra d’autres lauriers tout au long de l’année.

Rendez-vous le 8 mars 2025 à l’espace Sorano à Vincennes, près de Paris, pour vous en convaincre !

⇒ Le site de Sullivan Fortner.


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